Editorial : CAF, les cyber défenseurs de l'Afrique passe à l'attaque
Dans un monde où la digitalisation est la nouvelle norme, notamment depuis les assauts de l’ennemi invisible, et où les évolutions fulgurantes des IA posent des questions d’éthiques, la surface d’attaques est de plus en plus large. De plus, dans ce nouveau monde, les cyber attaquants font preuve d’une créativité remarquable et innovent sans cesse. Dans ce contexte, il est évident que la lutte contre la cybercriminalité et la prévention desdites attaques nécessitent une action collective et coordonnée. Une action qui, en tout état de cause, doit dépasser les simples frontières étatiques, à l’instar du cyberespace.
La création, il y a trois ans de cela, du CAF – Cyber Africa Forum – s’inscrit, clairement, dans cette ambition. Et pour cause. La plateforme s’est donnée 03 missions essentielles. Premièrement, améliorer la sécurité numérique. Deuxièmement, sensibiliser aux risques liés à la cybercriminalité. Enfin, échanger et partager sur les meilleures pratiques. L’objectif affiché étant de faire, de ce Forum, un événement de référence. Et cela, conformément aux aspirations des fervents défenseurs d’une politique de cybersécurité, coopérative et adaptée aux enjeux du continent Africain, que sont la plateforme, ses promoteurs et leurs différents partenaires, d’ici et d’ailleurs.
CAF, un forum qui positionne la cybersécurité au centre des enjeux de l’Afrique
Les 24 et 25 avril 2023, pour cette rencontre, encore une fois phygitale, ce sont près de 2.500 participants, en présentiel et en ligne, environ 300 experts et plus de 50 partenaires qui étaient dans les murs du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. Afin d’assister. Mieux, de participer activement à la 3ème édition du CAF. Cette plateforme qu’il convient, désormais, de nommer la Confédération Africaine des Forces de cyberdéfense. Avec, au centre des travaux de ce colloque 2023, la nécessité de renforcer la coopération et la collaboration en matière de sécurité numérique en Afrique. Sachant, bien entendu, que l’ensemble des acteurs et experts participants, partagent, d’ores et déjà, une vision commune. Celle d’agir, de concert, pour relever les défis soulevés par la transformation digitale en Afrique. Et de renforcer la cyberdéfense continentale.
Un engagement pour la protection du cyberespace
C’est donc par une Lapalissade bien trouvée que Franck Kié a ouvert les débats. En effet, dans son discours liminaire, le Commissaire Général a rappelé des évidences qui, pour les experts, devraient amener à une prise de conscience sur l’impératif d’une synergie d’actions. Et pourquoi pas à la création d’une cyber task force pour la cyberdéfense de l’Afrique. En effet, dans son propos liminaire, il a déclaré ceci. « Les cyberattaques ont des conséquences graves pour la vie privée des citoyens, la sécurité nationale, la réputation des entreprises et des gouvernements. Et même la stabilité politique (…) C’est pourquoi, nous sommes convaincus de l’importance de bâtir des partenariats solides. Pour faire face aux défis de sécurité numérique auxquels nous sommes confrontés. »
Des paroles, justement, à propos. Puisqu’elles ont été clamées, haut et fort, devant des décideurs publics à même de se pencher sur cette assertion qui concerne toute l’Afrique. En l’occurrence :
- Amadou Coulibaly, Ministre de la Communication et de l’Économie numérique de la Côte d’Ivoire/Porte-Parole du Gouvernement de Côte d’Ivoire
- Yves Ickonga, Conseiller du Président de la République du Congo/Chef du département des télécommunications et du numérique
- Alain-Richard Donwahi, Président de la COP15
Des mots qui semblent avoir puissamment résonner dans les oreilles de ces derniers. Pour preuve, à sa suite, prenant à son tour place au pupitre, Amadou Coulibaly l’a signifié. « Le Cyber Africa Forum est un lieu d’apprentissage continu. C’est un espace où nous pouvons remettre en question les idées préconçues. Echanger des connaissances. Stimuler l’innovation. Et développer de nouvelles perspectives. Nous sommes, ici, pour partager nos expériences, nos réussites et nos défis, et pour apprendre les uns des autres. C’est dans cette diversité d’opinions et de points de vue que se trouve la véritable richesse de ce forum. » A-t-il notifié.
La promotion d’un écosystème cyber inclusif, coopératif et éthique
Il faut signaler, en outre, que ce 3ème chapitre du CAF a été le lieu de nombreuses initiatives. Des initiatives instituées dans le but de bâtir une cybersécurité inclusive. Et de promouvoir les talents de demain. Dans cet ordre d’idée, parmi celles-ci, le CAF Hacking Challenge – un hackathon dont l’objectif est de détecter. Détecter les jeunes talents en matière de sécurité informatique. Et de favoriser la création d’un écosystème d’hackers éthiques en Afrique – a souligné l’importance des jeunes dans l’avenir numérique du Continent. Rappelant ainsi l’importance d’un accompagnement et d’un soutien à ces derniers.
C’est pourquoi, en partenariat avec la Fondation Génération Numérique, le CAF a, aussi, remis le Prix de l’Innovation en matière de sécurité. Un prix qui, en la circonstance, récompense ceux qui proposent des solutions innovantes et concrètes dans cette lutte de tous les instants contre la cybercriminalité en Afrique. Pour finir, toujours au titre des initiatives portées sur le cap de ce CAF 2023 : Le Cyber Africa Women. Une autre initiative phare pour l’inclusion et la diversité dans le secteur de la tech en Afrique.
Construire un écosystème numérique sûr et résilient en Afrique. C’était bien là la priorité du Cyber Africa Forum 2023. Un forum qui s’est, d’ailleurs, tenu les 24 et 25 avril 2023. En marge du discours sur l’État de la nation délivré par le Président de la République de Côte d’Ivoire. Le Président s’y est même vu décerné le Prix Léon Konan Koffi. Une distinction attribuée pour sa contribution à la promotion de la cybersécurité en Afrique. Aussi, comme attestation de l’ampleur, dans l’écosystème tech et numérique Africain, que prend cette plateforme, des entreprises de renom, impliquées sur les questions de sécurité et de confiance numériques, commencent et/ou continuent à et de prendre part à ce rassemblement annuel. Pour en citer quelques unes : Huawei, Cybastion, Mastercard, Orange, CCDOC, Deloitte, Ecobank. Ou encore Kaspersky. Des signaux supplémentaires que la prise de conscience de la nécessité catégorique d’une synergie d’actions pour le renforcement des cyberdéfenses du continent Africain et, par ce biais, prévenir, voir réduire les risques d’attaques n’est pas un simple souhait. Mais plutôt, dans l’état actuel des choses, tout simplement et sûrement une question de survie. Quoi qu’il en soit et en attendant que les graines d’une cyber task force pour la cyberdéfense de l’Afrique germent enfin, la prochaine édition du Cyber Africa Forum est prévue pour les 06 et 07 mai 2024. Que réserve cette quatrième saison ? Affaire à suivre.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
Rédacteur en chef
