La Côte d’Ivoire a l’une des économies les plus dynamiques au monde. En effet, depuis plus d’une décennie, elle affiche, régulièrement, une croissance autour des 7%. En 2020, à l’instar du monde touché par les crises de la Covid-19 et de l’énergie, celle-ci a reculé et s’est établie à 1,8 %. Toutefois, elle a rapidement repris du poil de la bête et atteint 6,5% en 2021. Soit un bond de +4,7 points. Et ce, en l’espace d’à peine un an ! Cependant, malgré cette prouesse, il semblerait que l’Eléphant d’Afrique soit en passe de perdre son hégémonie dans l’UEMOA.
La commission de l’UEMOA – Union Economique et Monétaire Ouest Africaine – a, enfin, rendu public son rapport annuel 2022. Un rapport portant, d’ailleurs, sur le fonctionnement et l’évolution de la zone. Dans celui-ci, se trouvent les grandes prévisions pour l’exercice 2023. Et selon ces augures, dans la sous-région, la Côte-d’Ivoire pourrait perdre sa couronne. Elle serait susceptible d’être détrônée par le Sénégal. Un pays pour qui l’UEMOA prévoit une croissance de +10,1% sur l’année 2023.
Première économie de l’UEMOA depuis plusieurs années, la Côte-d’Ivoire risque de perdre ce statut en 2023. Du moins, c’est ce que prophétisent les prévisions de la Commission de l’UEMOA. Ainsi, dans le détail, son rapport prévisionnel annuel donne des estimations des croissances attendues pour les pays de la zone, en 2023. A la lecture de ce rapport, le classement 2023 des Etats de l’UEMOA, en fonction de leurs PIB, serait le suivant :
8- Mali avec +5,1%
7- Guinée-Bissau avec +5,7%
6- Burkina Faso avec +6,0%
5- Bénin avec +6,5%
4- Togo avec +6,6%
3- Niger avec +7,0%
2- Côte d’Ivoire avec +7,3%
1- Sénégal avec +10,1%
Si vu le contexte mondial, ces chiffres sont plus qu’honorables, il faut reconnaitre que, dans la région, tout se joue dans un mouchoir de poche. Néanmoins, la première place du pays de la Teranga, dans ce classement prévisionnel, au détriment de la locomotive de l’Afrique de l’Ouest apparaît, tout de même, comme une surprise ! En définitive, ce rapport fait entrevoir une perte d’une place, pour la Côte d’Ivoire. Au profit du Sénégal. Et met en lumière le spectre d’une percée du Niger (7%), à l’affut, en embuscade, juste derrière la terre d’éburnie (7,3%). Le rapport annuel 2022 sur le fonctionnement et l’évolution de l’UEMOA anticipe, également, une croissance moyenne de 7,2% dans l’Union.
Selon la Note de cadrage macroéconomique 2022-2026 de l’Union, la croissance du Sénégal, en 2023, devrait être portée, en outre, par le début de la production sur les nouveaux champs pétrolifères et gaziers du pays. Elle se situerait à 10,2%, avant de s’établir ensuite à 6,8% en 2024. Puis, respectivement, à 5,9% et 5,8%, en 2025 et 2026. Le secteur tertiaire (+7,5%, en moyenne) bénéficierait des retombées de la bonne évolution du secteur secondaire (+8,1%) et de la poursuite des grands travaux d’infrastructures.
Concernant la Balance des paiements et situation monétaire, le Sénégal devrait avoir un solde global excédentaire durant toute la période. Et sa masse monétaire pourrait se consolider, faisant suite à l’excédent de 293 milliards FCFA enregistré en 2021. Le solde global de la balance des paiements devrait, lui, connaître une amélioration progressive au cours de la période 2022-2026, et en sortir excédentaire de 486,9 milliards FCFA en moyenne. Grâce, notamment, à l’apport de la production pétrolière et gazière. Enfin, la masse monétaire devrait s’affermir (+10,7% en moyenne, soit 53,6% du PIB). Les créances, sur les autres secteurs, devraient, elles, enregistrer une augmentation pour soutenir l’activité économique et représenter 29,1% du PIB.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
Rédacteur en chef