Si le potentiel de réussite de votre entreprise demeure indéniable, cela ne garantit en aucun cas un succès automatique. Comment discerner avec certitude si votre entreprise prospérera ? Tout porteur de projet ou entrepreneur est souvent en proie à un optimisme parfois trop aveugle, le plongeant dans un monde où l'illusion de la perfection règne en maître. C'est un univers qui suggère que votre entreprise est une idée géniale, une conception qui vous propulsera au sommet du monde des affaires. Malheureusement, la réalité se charge souvent de démentir ces aspirations une fois sur le terrain, là où la véritable nature des défis se dévoile. Cela arrive très souvent parce que les entrepreneurs manquent de tester leur modèle économique.

Tout entrepreneur se doit de concevoir un modèle économique solide, un outil qui décrit clairement comment l'entreprise génère des revenus, rentabilise ses activités, et utilise efficacement les ressources pour garantir cette rentabilité. Dépassée cette étape cruciale, il est impératif de mener une investigation approfondie sur le terrain, interagissant avec les parties prenantes telles que les consommateurs finaux, les prescripteurs, les influenceurs, les fournisseurs, et autres. Les réactions et avis émis par ces acteurs envers vos produits ou services se présentent comme des indicateurs déterminants, prédisant le succès ou l'échec de votre entreprise, et plus encore, la viabilité de votre modèle économique ainsi que le niveau de rentabilité envisageable.

Illustrant cette démarche à travers mon expérience dans le domaine du lait caillé, je négligeai l'importance de tester mon modèle économique. Me conformant simplement aux pratiques du marché en alignant mes prix sur ceux de mes concurrents, vendant chaque unité à 100 CFA (soit 15 centimes d'euro), je fus confronté à un endettement inattendu, suivi de la fermeture définitive de mon entreprise. Cette leçon douloureuse démontre l'impératif de mener une évaluation minutieuse du modèle économique, une étape essentielle souvent négligée au prix de conséquences graves.

QUELQUES EXEMPLES DE MODELES ECONOMIQUES D’ENTREPRISE 

• L’achat-revente consiste à acheter et revendre un produit existant. Il s’agit de produits de consommation courante, des solutions technologiques, l’immobilier, etc. 
• La récupération pour revente repose sur le principe de s’approvisionner gratuitement en produits ou objets encore utilisables, et de les revendre. Les entreprises de recyclage en ont fait leur modèle clé.

• La production en propre consiste à fabriquer son propre produit ou service en interne afin de maîtriser ses caractéristiques et les marges.
• L’abonnement à un service permet de générer des revenus réguliers à l’entreprise grâce au principe de fidélisation automatique de sa clientèle. C’est, par exemple, le cas des entreprises telles que Netflix, Canal+, Orange, etc.
• La vente directe consiste, pour une entreprise productrice de biens et services, à vendre directement ses produits et services aux consommateurs afin de gagner plus de marges.
• L’innovation permanente s’applique aux entreprises les plus innovantes au monde. Celles-ci se concentrent sur la recherche et le développement continus de nouveaux produits afin de conserver un avantage concurrentiel fort ; ce qui leur permet d’imposer leurs prix sur le marché. Apple le réussit parfaitement avec son produit mythique, l’iPhone.
• Le commissionnement a pour principe de mettre en relation fournisseurs et clients, en prélevant une commission au passage. C’est le modèle appliqué par les agences immobilières, les plateformes de réservation hôtelières telles que Booking, Airbnb, les systèmes d’affiliation, etc.
• La publicité est l’un des plus vieux modèles économiques au monde dont le principe est de créer et diffuser du contenu, sur papier ou en ligne, afin de commercialiser des espaces publicitaires.
• Le modèle du gratuit avec options payantes (freemium) est un modèle économique qui consiste à proposer un service de base gratuit (free) tout en proposant des fonctionnalités à valeur ajoutée payantes (service premium).

• L’appât et de l’hameçon : Les entreprises de vente d’imprimantes sont passées maîtresses dans l’utilisation de ce modèle économique qui vous oblige, après l’acquisition à un prix très accessible d’une imprimante, à consommer régulièrement des cartouches d’encre. Ainsi, le modèle économique de l’appât et de l’hameçon a pour mode opératoire de proposer un produit à un prix très attractif et de rendre indispensable l’achat d’accessoires complémentaires dans le temps.
• La franchise a pour principe de dupliquer un concept qui a fait ses preuves en donnant l’opportunité à des indépendants (personnes physiques ou morales) de l’exploiter dans leurs régions, contre paiement de droits ou redevances. Le franchisé bénéficie ainsi d’une zone d’exclusivité dans l’exploitation de sa nouvelle activité. C’est par exemple le cas des chaînes de restaurants McDonald's, KFC, Burger King, l’entretien de service automobile Midas, Speedy, etc.
• Le low-cost, ce modèle économique ayant pour principe de développer un avantage concurrentiel sur le prix, est adopté par les adeptes qui proposent des produits et services comparables aux concurrents mais à des prix plus bas. La compagnie aérienne low-cost Ryanair l’applique à merveille.

CONSEILS PRATIQUES

Conseil N°1 : Passez en revue les modèles économiques cités plus haut et regardez lequel s’apparente le mieux à votre activité. 

Conseil N°2 : Étudiez également le modèle économique de chacun de vos concurrents ; cela vous aidera à avoir une ligne directrice de votre marché.

Conseil N°3 : Faites-vous aider par un consultant ou un cabinet de montage de projet pour la détermination de votre modèle économique.

Conseil N°4 : Ne démarrez jamais votre attente sans avoir résolu cette ultime équation, au risque de courir au crash.

Vincent NGoran

Mister Data