Ces avatars créés par intelligence artificielle ou animation 3D ne sont
plus de la science-fiction. Ils sont déjà en train de transformer l’écosystème
mondial de l’influence et du marketing digital. Si ce phénomène prend racine en
Asie, en Europe et aux États-Unis, il pose des questions stratégiques pour
l’Afrique : menace ou opportunité ?
L’essor d’un nouveau type d’influence
Le Financial Times révèle que des avatars comme Tinsley ou Mia
Zelu séduisent des millions de followers avec des contenus si réalistes que
beaucoup les confondent avec des humains. Pour les marques, l’intérêt est clair
: ces « talents numériques » sont disponibles 24h/24, totalement contrôlables,
et leurs messages ne dévient jamais de la ligne fixée.
En Chine, le succès est encore plus spectaculaire. Wired rapporte
que des « vendeurs virtuels » animés par IA surpassent désormais les animateurs
humains en livestream e-commerce. L’exemple le plus frappant reste celui d’un
avatar représentant Brother, qui a boosté les ventes de l’imprimante de 30 % en
seulement quelques heures.
Sur TikTok, une autre illustration de ce basculement s’impose : l’Orange
Cat. Derrière ce chat roux mignon et expressif, il n’y a pas d’humain
visible, seulement un personnage mis en avant dans des vidéos virales. Résultat
: des millions de vues, plus de 5 millions d’abonnés et une véritable
communauté mondiale. Ce cas montre bien que l’attachement des audiences peut
désormais se construire autour d’une figure numérique ou animale sans
identité humaine claire, avec la même force voire plus qu’autour d’un influenceur traditionnel.
L’humain garde des atouts
Mais cette vague numérique n’efface pas l’importance des influenceurs humains. Comme l’analyse Reuters, ces avatars coûtent cher à produire et à maintenir, tandis que les audiences continuent de rechercher de l’authenticité et des émotions réelles. Les influenceurs « en chair et en os » gardent ainsi un avantage unique : leur vécu, leur proximité et leur capacité à créer un lien de confiance.
Et l’Afrique dans tout ça ?
Pour l’Afrique, où l’économie de l’influence connaît une croissance
rapide, cette tendance ouvre deux perspectives. D’un côté, les marques
internationales pourraient importer leurs avatars globaux et concurrencer les
créateurs locaux. Mais de l’autre, il existe une opportunité unique :
développer des influenceurs virtuels africains qui portent les cultures, les
langues et les esthétiques du continent.
Des start-up tech et des agences créatives pourraient s’emparer de ce
champ encore vierge pour créer les premiers avatars « made in Africa »,
capables d’incarner des identités fortes tout en bénéficiant de la puissance de
l’IA.
Les influenceurs virtuels sont une réalité qui redéfinit le marketing
mondial. En Afrique, leur arrivée doit être perçue non comme une menace, mais
comme une incitation à innover. Les créateurs africains peuvent prendre part à
cette révolution en imaginant des avatars qui racontent nos histoires et
valorisent nos marques, sans perdre l’authenticité humaine qui reste au cœur de
l’influence.
Et si demain vos influenceurs préférés n’étaient plus humains, mais un
Orange Cat africain ?
Romuald SE