En 2024, dans un monde marqué par des crises économiques et environnementales, le Dr Ngozi Okonjo-Iweala, Directrice générale de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), a captivé son audience avec un message porteur d'espoir et de transformation. Durant son intervention empreinte d’une grande passion, le 25 novembre 2024 lors de la 12ème édition de la CGECI Academy, elle a présenté une vision audacieuse : celle d'une re-mondialisation inclusive où l'Afrique prendrait enfin sa juste place dans le commerce mondial.
Une réflexion sur la mondialisation
Avec des mots empreints de réalisme, le Dr Ngozi Okonjo-Iweala a rappelé les bénéfices inégalement partagés de la mondialisation. Bien que celle-ci ait permis de réduire l'extrême pauvreté de 40 % à 11 % entre 1995 et aujourd'hui, l'Afrique n'a retenu que de 3 % du commerce mondial. « Pourquoi parler de la fin de la mondialisation alors que certains en ont largement profité ? », s’est-elle interrogée. Sa réponse réside dans la re-mondialisation : non pas une remise à zéro, mais une refonte du système pour inclure les régions laissées pour compte.
Elle a insisté sur un changement de paradigme. L'Afrique ne doit plus être simplement une source de matières premières exportées sans valeur ajoutée. Ce continent, riche en ressources comme le cobalt et le lithium, essentiels pour les technologies vertes, peut devenir une plateforme industrielle clé, augmentant de la valeur localement tout en créant des emplois.
L'opportunité de l'avantage comparatif vert
L'Afrique dispose d'un atout naturel inestimable : son « avantage comparatif vert ». Avec son soleil abondant et ses vastes réserves de minéraux critiques, elle peut devenir un acteur majeur dans les énergies renouvelables et la fabrication des batteries lithium-ion. « Pourquoi laisser d'autres continents transformer nos ressources, alors que nous avons ici tout le potentiel pour produire de l'électricité verte et traiter ces minéraux ? », s’est-elle à nouveau interrogée. Pour Dr Ngozi, la solution réside dans un plaidoyer ; et ce plaidoyer pour un développement durable repose aussi sur une stratégie pragmatique. La décentralisation des chaînes d'approvisionnement mondiale, mise en lumière par la pandémie, offre une occasion unique à l'Afrique de se positionner comme une solution fiable. Les entreprises, conscientes des risques liés à la concentration géographique, cherchent à diversifier leurs lieux de production.
Commerce, services et transition numérique
Au-delà des biens matériels, Dr Ngozi a souligné l'importance croissante des services dans le commerce mondial, particulièrement les services numériques. Avec un commerce numérique en pleine expansion et un potentiel immense en fintech et en startups, l'Afrique peut devenir un hub technologique incontournable. Elle a également mentionné que la participation active des femmes dans ce secteur renforce les opportunités économiques.
Une mobilisation collective
Pour concrétiser cette vision, il est essentiel que le secteur privé, les gouvernements et les organisations internationales collaborent. La Directrice générale de l’OMC a exprimé sa détermination à soutenir les pays africains via des outils, comme des bases de données pour mesurer le commerce des services, et des initiatives visant à renforcer la zone de libre-échange continental africain.
Alors que son discours touchait à sa fin, la passion dans sa voix était palpable : « L'Afrique doit se réveiller. Si nous manquons cette opportunité, nous ne pourrons nous en prendre qu'à nous-mêmes. » Dans ce monde en transformation, la re-mondialisation offre une chance inédite à l’Afrique. À travers une économie verte et numérique, le continent peut s'ériger en modèle d'inclusion et de durabilité. L'appel du Dr Ngozi Okonjo-Iweala résonne comme un défi à relever et une promesse d'avenir à bâtir.
La rédaction