Sans débourser un rond, ils se présentent devant les boxs installés pour l’édition numéro deux de la Foire du Made in Côte d’Ivoire. Objectif ? Profiter des dégustations gratuites offertes par les entreprises exposantes, bénéficier du marketing renommé à l'ivoirienne : « Goutez Voir ». De toute évidence, il faut un peu de tout pour faire le FOMCI, un peu de visiteurs en quête de records de dégustation gratuites, un peu d'exposants proposants des promotions pour faire de bonnes affaires, un peu de gérants de stands et d’hôtesses avec dans un coin de la tête, les objectifs commerciaux et de communication.
Taste for free
Sucré, salé, alcoolisé, chocolaté, laitiers, boulangers, fait-main, manufacturés. En arpentant les sentiers de la salle accueillant les stands du Parc des Expositions, les férus de la bouffe en n’ont pleins les yeux et pas que. Ce mardi, l’une des techniques marketing à la hype est celle de l’essai gratuit. De tout évidence, les stands proposant une dégustation gratuite ne désemplissent pas. Les différents élèves et étudiants font en effet de sempiternels tours d’horizons de la salle en quête des différents stands offrant du ‘’ goûter voir”. Un bidon de lait chez Candia, un verre de café chez Friesland Campina, des pâtisseries enduits de la mayonnaise Aromate, des verres de jus gratos, des verres de gin ou de rhum estampillés de la marque Calao et consorts chez Mibem et des jus typiquement ivoiriens à l’instar du Gnamankoudji et du bissap alcoolisé chez l'Éléphant Gourmand. Au détour de ces différents ‘’ taste for free” dont la liste n’est pas exhaustive, les papilles gustatives sont en extase.
Eléphant Gourmand
Emmanuel, étudiant en première année dans une université privée, fait partie de la délégation de son école pour l'événement. Ayant d’ores et déjà consommé des ‘’ taste for free’’ chez plusieurs exposants, il souhaite en prendre un dernier pour la route. Quoi de mieux que de prendre un verre. Devant le stand de l'Éléphant Gourmand, il est tout sourire, lorsque le responsable commercial de la structure himself, reverse le précieux liquide dans le verre en plastique. La structure propose de fait, des liqueurs, des sirops made in Yaou, une localité ivoirienne à quelques encablures de la ville de Bonoua. « Tout est fait à partir de matières premières récoltées ici. Tout ce qui vient de l’extérieur, ce sont les bouchons », précise le commercial. La mine refrognée après avoir ingurgité le liquide, Emmanuel sourit et lève le camp. « C’est bon hein, vieux père, ça a le gout du gnamankou et puis c’est fort comme ça, tchia ! », s’exclame-t-il de son accent ivoirophile. Ayant retroussé les manches, Anicet Kanon n’est pas au bout de ses surprises devant l’attitude de ces étudiants et même d’adultes qui passent de stands en stand s’offrant tour à tour des dégustations gratuites. Le commercial a-t-il néammoins un petit pincement au cœur d’autant que les chances que ces derniers achètent les produits sont minces ? Que nenni. « Cette technique est la meilleure, parce que si tu fais un produit, que les gens ne connaissent pas, comment tu fais. La dégustation fait partie du processus de vente. Tous ceux qui ont pris les produits ont été satisfaits », souligne t-il en voyant le verre à moitié plein. Les bouteilles étant exposées et estampillées de l’identité visuelle de la marque, le commercial s’assure de ce que les dégustateurs retiennent le nom de l’entreprise. L’expérience de goût et de qualité du produit étant certaine, à ses dires « le goûteur du jour peut recommander le produit demain ou en acheter dans un autre lieu ». L’objectif du jour est donc de faire connaître le produit et de tenter de le faire entrer dans les habitudes de consommation, l’acte d’achat par la suite ne sera que naturellement, la suite du process, fait-il noter.
Pain, croissant, pain au chocolat, gâteau fait à base de farine de manioc, de sorgho ou de mil à 50%
Statu quo pour la FECOBPCI. La fédération des coordinations professionnelles des boulangeries et pâtisseries de Côte d’Ivoire. Croissants, gâteaux, pains, le stand de l’association a mille et une allure des pâtisseries et viennoiseries classiques. Quel est donc l’intérêt de se positionner sur la foire du made in Côte d’Ivoire pour des produits à priori à base de farine de blé importée de l’extérieur ? Au micro de Strat’marques, c’est Barry Hyoussouf, président de la FECOBPCI qui éclaircit ces zones d’ombres. « Notre objectif est de présenter la capacité des boulangers ivoiriens de s’adapter aux farines locales en les incorporant dans la panification soit du pain ou la viennoiserie. Vous avez aujourd’hui une panoplie de produits, de pain fait à base de manioc, de mil, pain au lait à base de sorgho, de mil, de maïs, ainsi que le croissant, le pain de chocolat et les gâteaux à base de farine de maïs, de mil, de sorgho. Avec la crème chantilly, ces gâteaux peuvent être consommés facilement et sont digestes à cause des produits de la farine locale ». En termes de chiffres, notre interlocuteur souligne que la farine des matières premières locales est incorporée aujourd’hui jusqu’à 50% dans la fabrication des denrées présentées sur le salon. « Pour l’instant, c’est du pain composé, blé- manioc, blé-maïs, blé-mil. Aujourd’hui, nous faisons une incorporation de farine locale jusqu’à 50%. Nous avons signé une convention avec des entreprises qui fabriquent de la farine de manioc et d’autres produits locaux ».
Promotion de local
Si les passants qui ne manquent pas de prendre une tranche, qui, de pain, tel, de croissant, tel autre de pain au chocolat ont le sourire au bout des lèvres et un hochement de tête en signe de satisfécit, le président de la FECOBPCI, Barry Hyoussouf prend l’encensoir. « En termes de qualité, le pain composé procure la satiété, le goût et une économie. Parce que le sac de 50kg de farine de blé c’est 25.500, le sac pour le manioc, c’est 17.000F, vous voyez le gap ». Dans la perspective de la vision du Ministre du commerce relative à une substitution des produits importés par des produits locaux, notre interlocuteur souligne que son organisation est de plain-pied dans cette droite ligne. « Nous voulons accompagner le ministre parce que grâce à lui, nous avons un comité technique qui planche sur le secteur de la boulangerie. Il a créé par arrêté une cellule de réflexion qui permet de trouver des solutions aux problèmes qui minent notre secteur. Nous voulons accompagner l’état, de telle sorte que les devises étrangères que nous utilisons pour acheter le blé, nous puissions économiser au moins 25%. Nous sommes là pour vous faire connaître. Je pense que petit à petit, l’on pourra atteindre l’objectif d’au moins 80% d’incorporation de farine locale ».
Une édition de bonne facture
Pour cette seconde édition de la Foire du Made In Côte d’Ivoire, vitrine du savoir-faire ivoirien et porte-étendard de la promotion des produits du terroir, qui se tient du 22 au 26 novembre 2023, une centaine d'exposants prendront leurs quartiers dans les box. Ce rendez-vous est assurément, ‘’the place to be’’, « en cette période de veille de fêtes de fin d’années pour faire de bonnes affaires », comme souligné par le commissaire général de l'événement, Aimé Koizan Kablan. Articulé autour de la thématique : « La qualité made in côte d’ivoire, opportunités d’affaires et facteur de croissance inclusive », l'événement sera ponctué de plusieurs temps forts dont la cérémonie d’ouverture, la conférence inaugurale, des panels, des séances de networking, et un concert de l’artiste désigné au titre d’ambassadeur du made in Côte d’Ivoire de cette édition, le rappeur en vogue, Didi B.
Charles Assagba