Ce phénomène a germé avec le printemps de la presse en Côte d’Ivoire. Le fort taux de naissance de titres engendré par le multipartisme, a peuplé les kiosques à journaux. Conséquence : aujourd’hui plus d’un demi-millier de plume survole le paysage médiatique. Mais dans ce milieu, il y a les vrais journalistes d’un côté et de l’autres, une bonne centaine de ‘’Rats’’. Une race de laquelle vous devez vous méfier absolument.
« Bonjour Monsieur c’est la presse…Que devons-nous retenir de cette cérémonie ? » Puis deux (2) minutes plus tard : « Monsieur le D…, la presse est là hein …. ». Voici l’une des identités remarquables des ‘’Rats’’. En réalité, la question ‘’bateau’’ qu’il pose est juste un instrument de diversion. Car l’objectif est clair : soutirer de l’argent aux organisateurs ou alors aux personnalités en marge des cérémonies.
Le sens de la désignation ‘’Rats’’
La corporation n’a pas eu besoin de dessiner un idéogramme pour trouver ce ‘’sobriquet. Le fait que ces personnes s’invitent à des reportages, usurpent le titre de journaliste, émargent au nom de leur confrères, suffisent à les assimiler à ce rongeur. « Car dans nos chambres, placards, cuisines, mêmes les lieux de culte, seuls les rats ou les souris ont l’habitude de s’établir sans autorisation.. » Ironisait le Rédacteur en Chef du quotidien LE SPORT, Serge N’GUESSANT.
Deux (2) races de Rats mais aux apparences analogues
Ces rongeurs de l’image de la presse ivoirienne sont de deux types. D’une part des journalistes véreux et d’autres part les usurpateurs du titre.
On appelle ‘’Rats modérés’’ ou journalistes indélicats, ces confrères qui ont la manie de marquer leur présence à quasiment toutes les cérémonies au cours d’une journée. C’est-à-dire il finit de couvrir une manifestation à laquelle son organe a été convié et au lieu de retourner à sa Rédaction, de son propre chef, il décide de sillonner d’autres sites à la recherche de perdiem. Généralement, la commune du Plateau est leur lieu de prédilection.
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L’autre famille est constituée d’espèces rares. Parce que pratiquer ce ‘’métier’’ requiert un courage sans pareille. Il s’agit d’individus qui n’appartiennent à aucun organe de presse, pis qui ne sont pas journalistes, mais qui usent de ruse pour se l’approprier.
Vous remarquerez qu’au cours d’une conférence de presse, ils n’oseront jamais poser de question au risque de ne pas se dévoiler. Ils attendent patiemment la fin, surtout lors du cocktail, pour accoster leur ‘’proies’’.
Pour avoir le programme des colloques, séminaires, conférence de presse, cérémonie de lancement… une seule source : rubrique ‘’Agenda’’ de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI).
Un dress-code spécifique
Les ‘’Rats’’, particulièrement la 2ème race définie plus haut, ont un Dress-code. Tenues quelques peu lessivée et mettant en évidence leur ‘’allergie’’ aux services de pressing. Dans une main un dictaphone ou un micro dans l’autre, un cahier ou un bloc-notes tous ployant sous le poids de leur âge. Occasion pour exhorter des confrères (les vrais) à revoir certains aspects de leur présentation. De sorte à éviter la confusion.
Le perdiem, ce contrat non écrit
La société en a imposé la pratique peut-on conclure. Mais ce « poison », pour paraphraser la Chroniqueuse de chez le Confrère LE MONDE, Maguette GUEYE, reste prisé aussi bien par ceux qui invitent les journalistes que ces derniers eux-mêmes.
Certains estiment à tort ou à raison que c’est l’apanage des Africains. Quand d’autres soutiennent que la pratique est universelle avec des variances selon les latitudes. L’affaire Eric LAURENT– le Roi MOHAMED VI fait partie du « faisceau de preuves » qu’ils soutiennent posséder.
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Notons que ce Journaliste français et sa consœur Catherine GRACIET ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit du 28 au 29 août dernier en France. Soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc Mohammed VI.
Dans tous les cas de figure, le principe de perdiem, nous insistons sur le mot ‘’principe’’, ternit l’image de la presse. Nous y reviendrons bientôt dans un dossier.
Des techniques de ‘’déRatisation’’ simples et efficaces
Désormais, pour vous éviter des ennuis, prenez la peine d’identifier le ‘’journaliste’’ que vous aurez en face. Le vrai journaliste détient soit la carte de journaliste professionnelle (Ndlr : au moins de validité récente) soit une pièce officielle de sa Rédaction ou alors, la carte de membre d’une organisation reconnue par ce corps de métier. Au besoin, vous pouvez appeler au siège de son prétendu organe pour des vérifications.
Attention à l’amalgame…
Le journaliste est censé aller à la recherche de l’information. Ce qui peut justifier la présence de certains à des cérémonies auxquelles ils ne sont pas forcément conviés. Ou dans un autre contexte, il existe des Journalistes Indépendants.
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Ceux-là n’appartiennent officiellement à aucun organe mais sont reconnus par la Commission Paritaire d’Attribution de la Carte de Journaliste Professionnel (CIJP). Une chose est certaine : ils peuvent venir à la source de l’info et ne réclameront aucune ‘’enveloppe de motivation’’.
…respectez vos journalistes
Il n’est pas rare de voir des journalistes ivoiriens glaner des lauriers lors des compétitions internationales. Trois (3) des nôtres ont remporté des prix au pays de Nelson Mandela. Tenez-vous bien, dans un nuage de 500 plumes- candidates africaines.
Ces champions sont : Agnès Kraidy de FRATERNITE MATIN, Suy Kahofi JISCHVI d’ABIDJAN LIVE NEWS et enfin, Yao OSSENE du site d’Information infozanzan.com.
C’était à la faveur du concours organisé le 13 novembre dernier par une institution dénommée « AFRICAN MEDIAS LEADERS FORUM ».
La presse ivoirienne c’est une moyenne de BAC+3 en termes de formation académique à la base. Pour ne pas dire que dans nos Rédaction travaillent des doctorants voir des docteurs. Cette année, la CIJP a attribué 872 cartes au total. Soit 578 Journalistes Professionnels et 294 Professionnels de la Communication (photojournalistes, monteurs, infographes, dessinateurs de presse…). Précisons que 85 dossiers de demande ont été rejetés à l’issue des délibérations. C’est dire qu’un filtrage est fait en amont. Peut-être qu’il reste à y mettre les moyens conséquents pour aider à révéler des talents.
Marius Aka Fils
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