L’Etat doit s’approprier et
mettre en œuvre les propositions faites par le Secteur privé
Le numéro 061 de l’hebdomadaire de LA VEILLE DU PATRONAT est paru le vendredi 11 juin 2021. Dans cette parution, le Vice-Président de la CGECI, Jean Louis Menudier s’est exprimé sur la nécessité d’appropriation et de mise en œuvre, pour le secteur public, des propositions faites par le secteur privé. Un éditorial livré tel quel par Strat’Marques.
L’édition 2020 de l’Africa CEOs Survey a classé la Côte d’Ivoire premier pays africain le plus attractif pour les investissements. Cependant, malgré des chiffres de croissance très enviables enregistrés depuis une décennie, le pays peine à s’industrialiser. S’il apparait évident que le Secteur privé est un acteur majeur de la transformation économique par l’industrialisation, il n’en demeure pas moins que l’Etat doit jouer pleinement sa partition, c’est-à-dire faciliter l’exercice de l’activité industrielle. En effet, l’industrie ivoirienne reste encore confrontée à des problèmes structurels de compétitivité liés à la performance logistique, aux coûts des facteurs, à la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée et directement productive, à l’accès au foncier industriel, aux lourdeurs administratives, à la pression fiscale, à la réglementation parfois trop contraignante et aux difficultés d’accès aux marchés régionaux et internationaux. La question de l’industrialisation est depuis des années au cœur des débats car au-delà des points supplémentaires de croissance économique qu’elle apporte, l’industrie a un effet d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie, elle crée des emplois, et surtout des emplois qualifiés. Pour marquer son engagement à œuvrer à l’atteinte de ces objectifs, la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), a élaboré sur recommandation du Président Alassane Ouattara, un Livre Blanc sur l’industrialisation de la Côte d’Ivoire. Dans cet ouvrage, le Secteur privé livre sa vision sur la question et fait des recommandations pour une industrialisation accélérée et réussie de la Côte d’Ivoire. Les objectifs de la Côte d’Ivoire en matière d’industrialisation devront être d’ici 2027 selon le Livre Blanc ou à la limite 2030 si on tient compte du retard dans la mise en œuvre des recommandations de ce Livre Blanc :
1. De tripler son PIB manufacturier avec plus de 5 787 Mds de PIB
manufacturier généré ;
2. De passer de 12% à environ 15% de part du PIB manufacturier
dans le PIB ;
3. De générer plus de 237 000 emplois manufacturiers brutes ;
4. De générer plus de 1 536 Mds d’exportation dans la zone CEDEAO
+ CEEAC.
Pour le Secteur privé, la transformation structurelle de notre économie
par l’industrialisation passe nécessairement par l’élaboration et la
mise en œuvre d’une stratégie industrielle globale et cohérente qui se
décline sur des secteurs prioritaires pour lesquels notre pays possède
des avantages comparatifs indéniables. Ce sont les secteurs clés
de l’Agro-industrie, de la Chimie, des Matériaux de construction, du
Textile et les secteurs en pari sur l’avenir : la Pharmacie, l’Emballage,
les Pièces détachées.
De même, trois (03) logiques ont guidé les recommandations du
Secteur Privé inscrites dans le Livre Blanc, pour l’éclosion d’une
industrie forte en Côte d’Ivoire :
→ La concentration des efforts à la fois sur les secteurs prioritaires
regroupés sous forme de grappes et sur des mesures
transversales catalysantes à l’industrie ;
→ Une direction claire et mesurable, de sorte que le lien entre le F
CFA dépensé, les efforts engendrés et les résultats observés soit
traçables ;
→ L’obsession de l’exécution en mettant dans une même orientation
l’ensemble des forces vives publiques et privées du pays.
Ainsi, le Livre Blanc sur l’industrialisation de la Côte d’ivoire s’appuie
sur quatre (04) piliers. A savoir :
1. La mise en place de clusters prioritaires avec une logique de
regroupement géographique de l’ensemble des parties prenantes
aux problématiques du cluster et la possibilité de résoudre de
bout en bout ces problématiques ;
2. La mise sur pied d’un Bureau d’Exécution de la Stratégie
Industrielle (BESI), de composition mixte État-Secteur privé doté
de pouvoirs d’exécution et de capacités techniques et reportant
directement au plus haut sommet de l’État ;
3. Une cohérence et une intégration des politiques industrielles
avec l’ensemble des politiques menées par le pays;
4. La signature d’un contrat de performance par cluster avec des
engagements mutuels État/ secteur privé.
Il est heureux de constater que lors de la présentation récente du
nouveau Plan National de Développement par le Ministère du Plan et du
Développement à la CGECI, les Autorités se sont largement inspirées
des recommandations inclues dans le Livre Blanc du Secteur Privé.
La transformation structurelle de l’économie par l’industrialisation
constitue ainsi le premier pilier du PND 2021-2025. C’est dans cet
esprit de partage et de cross-fertilisation que nous pourrons ensemble
mettre en œuvre une stratégie industrielle gagnante qui changera la
trajectoire économique de notre pays.
Jean Louis Menudier
Vice-Président – CGECI
Comments