Le 03 mai est la journée internationale de la liberté de la presse. Alors que toute la profession fait le point des avancées en la matière, une bien triste nouvelle est tombée. L’un des pionniers de la lutte pour la liberté d’expression a couché la plume. Béchir Ben Yhamed, le fondateur du magazine panafricain “JA “(jeune Afrique) est décédé dans la nuit du 02 au 03 mai 2021, à Paris, des suites d’une affection au covid-19, à l’âge 93 ans. Hospitalisé depuis fin mars 2021, à l’hôpital Lariboisière, BBY rejoint un autre grand patron de presse, son ami Jean Daniel, le fondateur du “nouvel observateur”, qui a tiré sa révérence un an plus tôt.
Jeune Afrique Media Group
Avant JA, il crée l’hebdomadaire Action, en 1955, qui cesse de paraître en 1958. En 1960, à l’avènement des indépendances des colonies françaises d’Afrique, il lance l’aventure “Afrique Action” qui devient “Jeune Afrique”, un an plus tard. Du haut de ses 60 ans, JA est un témoin vivant des batailles menées sur le continent. Sous BBY, le magazine est devenu le groupe “Jeune Afrique Media Group”. La structure, dont sa femme Danielle a contribué à la création de la maison d’édition de l’entité, édite aussi la revue anglophone “The Africa Report”, et la lettre d’information “Jeune Afrique Business+”. Béchir Ben Yhamed est également le créateur, en 2007, de “La Revue”, magazine dédié à l’actualité internationale. Il en était le directeur et le rédacteur en Chef.
Une école
BBY, plus qu’une plume et une vision, c’est une école. Son style, autant détesté qu’aimé, a fait des émules. Parmi ses disciples, plusieurs journalistes et auteurs de renom : Frantz Fanon, l’écrivain Kateb Yacine, le futur académicien Amin Maalouf (prix Goncourt 1993 pour Le Rocher de Tanios), Josette Alia, Guy Sitbon, Leïla Slimani (Goncourt 2016 pour Chanson douce).
Un réseau

©Nicolas Remene / Le Pictorium/MAXPPP – Nicolas Remene / Le Pictorium – 31/07/2018 – Mali / Bamako / Bamako – Un gérant de Kiosque a Bamako affiche fierement toutes les dernieres couvertures de Jeune Afrique/ Crédit image : La Croix
Béchir Ben Yahmed a régulièrement côtoyé, tout au long de sa carrière, des personnalités impactantes pour le continent : le Sénégalais Senghor, l’Ivoirien Houphouët-Boigny, le Marocain Hassan II ou encore les Français Jacques Foccart (dont il a coédité les mémoires) et François Mitterrand. Mais aussi Che Guevara à Cuba, Ho Chi Minh, l’Égyptien Nasser, le Ghanéen Kwame Nkrumah, le Congolais Lumumba, l’Algérien Ben Bella…
Le sens des affaires
BBY était également un homme d’affaires émérite. Avec pour base JA, il a créé un véritable empire : lettres d’information, maison d’édition, département événementiel, sites d’information en ligne… Sans oublier une agence de voyage et un magasin de meuble.
Une succession
À la fin des années 2000, il laisse la direction du groupe à ses fils, Amir et Marwarne, ainsi qu’à son comparse de toujours. Le directeur de rédaction François Soudan.
Béchir Ben Yhamed, plus qu’un patron de presse, était un visionnaire. Il a su forger un média de référence. Un média soixantenaire qui a influencé et continue d’influencer le milieu journalistique d’Afrique et d’ailleurs. BBY a couché la plume. Toutefois, il demeurera, désormais, l’encre éternelle dans laquelle Jeune Afrique se trempe, pour marquer, de manière indélébile, le monde de ses écrits.
Strat’Marques présente ses condoléances les plus sincères à toute la famille journalistique, à Jeune Afrique Media Group et à la famille biologique du regretté défunt.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
Rédacteur en chef
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