C’est une lapalissade de dire qu’il règne une véritable anarchie dans le milieu de l’affichage en Côte d’Ivoire. Malgré les lois et réglementations en vigueur, il est de notoriété que des régies publicitaires bravent les interdictions de pose, violent les mesures de bonne gestion et cela, au vu et au su de tous. Si ce jeu a perduré pendant de nombreuses années, l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé, depuis quelques mois, de prendre ses responsabilités à l’effet d’assainir le paysage de l’affichage en terre ivoirienne.
Ainsi, sous la houlette du Conseil supérieur de la publicité, organe de régulation de la publicité en Côte d’Ivoire, avec à sa tête M. DOSSO Mamadou, ce sont près de 2000 dispositifs publicitaires qui ont été démantelés. Dans une telle ambiance où des panneaux abritant des campagnes publicitaires sont démantelés quelle attitude doivent avoir agences de communication et leurs clients les annonceurs ? Doivent-ils poursuivre leurs campagnes comme si de rien n’était ? Où devraient-ils, au contraire, observer de nouvelles mesures ?
Le District d’Abidjan disposait jusque-là, selon le CSP, de 13 481 dispositifs publicitaires dont 1680 non identifiés, 5754 panneaux routiers, muraux et toitures, 1271 mobiliers urbains, 6456 totems et enseignes. Depuis ces dernières semaines, pas un jour ne passe sans que des panneaux soient déposés, sans que des panneaux publicitaires soient retirés de la circulation et ce, au grand dam des agences conseil en communication et annonceurs.
Leurs campagnes publicitaires se trouvent gravement perturbées sans possibilité de compensation. Tous les annonceurs de tous secteurs d’activité du marché sont concernés ; que ce soit les acteurs de la boisson tels Solibra, Brassivoire, Diageo, Coca-cola, Nbci ; les opérateurs de téléphonie, Orange, Moov ; les acteurs de l’agroalimentaire ou agroindustrie comme le groupe carré d’or, Siprochim, Tomaci, Sania, Nestlé, Friesland, Unilever, Sivop ; les banques telles Bicici, Société générale, Banque Atlantique… Bref, nul n’échappe à cette dure sanction du gendarme CSP.
Personne ne pouvant affirmer avec exactitude la fin de cette opération, il importe que les agences et annonceurs changent leur fusil d’épaule. Voici alors quelques dispositions à prendre.
Anticipez pour éviter les emplacements à risque
Avant de démarrer une nouvelle campagne, les agences et annonceurs gagneraient à faire un repérage virtuel ou terrain très minutieux avant de valider définitivement des emplacements. Ceci, afin d’éviter les emplacements à risque tels que les panneaux posés à moins de 150 mètres des carrefours en rase campagne, et à moins de 100 mètres en agglomération. Cette précaution sera d’autant plus salutaire qu’elle leur permettra de supprimer également de leurs réseaux, les panneaux aux entrées et sorties des courbes ainsi que ceux en mauvais état.
Cette tactique les mettra à l’abri de l’opération de démantèlement du CSP dont nulle n’ignore la fin.Toutefois, si vous avez un réseau de panneaux déjà constitué, faites une pause de quelques jours, au besoin, et répertoriez les panneaux de votre dispositif non conformes à la législation en vigueur ; puis procédez à un repérage terrain comme expliqué plus haut, en vue du remplacement des emplacements problématiques.
Evitez les big sizes (panneaux de grand format)
Les panneaux de grand format tels les 54 m2, 100m², 400 m² sont communément appelés big sizes. C’est justement à ce type de dispositif publicitaire que s’attaque désormais le CSP. Bientôt, vous ne verrez plus dans le paysage ivoirien les big sizes tels ceux des opérateurs Orange, Moov et ceux de bien d’autres annonceurs. Ainsi, pour ceux qui préfère les fameux big sizes, soyez dorénavant plus vigilants et évitez les panneaux ayant des dimensions au-delà de 60 m². Ceux-ci faisant parti des panneaux à démanteler.
Consultez les Mairies
Pour sélectionner un réseau d’affichage optimal, n’hésitez pas à contacter les mairies afin d’avoir le cœur net quant aux travaux de voirie en cours. Ces travaux initiés pour l’élargissement des routes donnent souvent lieu à la suppression de panneaux pouvant gêner l’avancement des travaux.
Les nombreux chantiers routiers dans nos agglomérations tels qu’on en voit à Cocody, au Plateau et dans d’autres communes n’ont cessé de causer du tort à certaines campagnes d’affichage.Rien ne vaudra alors une telle information de taille auprès des Mairies à l’effet d’éviter tout éventuel désagrément dans la diffusion de ses campagnes publicitaires.
Diversifiez vos supports de communication
Devrait-on se contenter de simples panneaux d’affichage face à un tel imbroglio publicitaire ? Absolument non ! Alors, ne vous contentez pas de croiser les bras ou de vous limiter à l’affichage. En attendant que la situation se tasse, privilégiez le couplage de l’affichage classique à d’autres formes d’affichage telles les enseignes sur toiture, les murales, les écrans LED outdoor ou indoor.
En outre, combiner l’affichage classique à d’autres médias, en l’occurrence la télévision, la radio, la presse et le digital (internet et réseaux sociaux), contribuerait certainement à maximiser l’impact communicationnel des agences et annonceurs du marché. C’est à juste titre que des annonceurs tels Glovo, HEC Paris…utilisent de plus en plus ce type de supports ne souffrant,pour l’heure,d’aucune interdiction.
Au final, ce sont là autant de précautions qui,en plus d’éviter de faire perdre de l’argent aux annonceurs, les aideront à redynamiser les campagnes de communication dans cette ambiance morose que traverse le pays de Félix Houphouët Boigny.
Au-delà, une question fondamentale se pose avec acuité : Les régies d’affichage s’en sortiront-elles ? Quel avenir pour les petites régies au côté des plus grandes ? Cela mérite moult réflexions pour sauver l’affichage et ses acteurs en Côte d’Ivoire.
Vincent NGORAN
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